Prix Mobilière 2025

Vous trouverez ici plus d’informations sur les artistes nominés.
Alfatih reçoit le Prix Mobilière 2025

Alfatih (*1995 en Suisse, vit et travaille en Suisse)
« Les installations vidéo et œuvres interactives de l’artiste Alfatih proposent une alliance rare entre une approche technologique spécialisée et l’expression d’enjeux esthétiques fondamentaux pour la construction des subjectivités contemporaines. En rappariant les développements du monde virtuel, du jeu vidéo, du design interactif dans le champ de l’art contemporain, son travail désenclave des domaines encore souvent considérés comme opposés. Au-delà du soin apporté à la production, narration, agencements et temporalités ouvrent ainsi des réflexions autant structurelles qu’existentielles. »
Nicolas Brulhart
Interview
Cinq questions par Nina Roehrs, membre du jury, à Alfatih, lauréat Prix Mobilière 2025
Le comité de nomination pour le Prix Mobilière 2025
- Yasmin Afschar, curatrice indépendante, Zurich
- Nicolas Brulhart, directeur artistique de la Kunsthalle Friart, Fribourg
- Deborah Keller, rédactrice en chef du Kunstbulletin et critique d’art indépendante, Zurich
- Elise Lammer, directrice de Halle Nord, Genève
- Sibilla Panzeri, curatrice au Spazio Lampo, Chiasso, et co-responsable de Kulturfolger, Zurich
- Francisco Sierra, artiste, Cotterd
- Mirjam Varadinis, curator-at-large du Kunsthaus de Zurich, Zurich
Les nominées 2025
Lou Masduraud (*1990 à Montepellier (FR), vit et travaille à Genève)
« Lou Masduraud suggère un approche artistique innovante et critique, qui, au travers de ses sculptures et installations, plus qu’elles n’imposent, une vision alternative du monde. Celle-ci permet d’interroger les réalités dominantes et d’imaginer ainsi l’émancipation de celles-ci. Partant du principe que les notions de stabilité et de norme ne sont en réalité que transformation et mutation, cette artiste puise son inspiration dans des phénomènes naturels tels que l’oxydation, la putréfaction, la patine, ou encore la fermentation, afin de révéler la beauté que l’artiste confère à l’instabilité des états, inéhente à toute vie. »
Elise Lammer

Akosua Viktoria Adu-Sanyah (*1990 à Bonn (DE), vit et travaille à Zurich)
« L’artiste germano-ghanéenne Akosua Viktoria Adu-Sanyah crée des œuvres impressionnantes, dans lesquelles elle met en lumière – au sens littéral du terme –les inégalités sociales et les thèmes dominants de l’époque actuelle. Elle utilise en effet des techniques photographiques, conjuguant processus numériques et analogiques. Le cycle intitulé Delirium (depuis 2022), qui lui a valu un Swiss Art Award en 2024, en offre un exemple éclatant. Cette série a été réalisée dans le contexte d’un travail de réflexion sur la perte de son père, décédé en 2021. Sur le plan formel, elle reprend le thème du racisme en saisissant des photographies de son père réalisées avec un appareil photo analogique dans un moteur d’intelligence artificielle (IA) qui les dénature. À partir des images générées par l’IA, Adu-Sanyah crée à nouveau des tirages réalisés manuellement dans la chambre noire. En réalité, le moteur IA ne permettait pas d’utiliser des clichés de visages humains ; toutefois, le visage de son père africain n’était pas identifié comme humain – une cruelle réalité qu’Adu-Sanyah transpose dans une installation touchante. Ce qui rend l’œuvre de cette jeune artiste si singulière, c’est précisément l’alliance entre sa rigoureuse précision formelle et l’urgence de son contenu. »
Mirjam Varadinis

Rebecca Solari (*1996 à Blenio (CH), vit et travaille à Bienne)
« Dans son approche pluridisciplinaire – au moyen de performances, de musique, d’installations et de sculptures, ainsi que dans son activité de curatrice –, Rebecca Solari, qui est née et a grandi à Blenio, explore l’autoreprésentation, l’identité sexuelle et sociale. Brisant les codes établis, elle a créé son alter ego, Fulmine (lat. « éclair », fr. « foudre », d’où découle le verbe « fulminer »), profondément ancrée dans les traditions et les valeurs du Val Blenio. Son œuvre surmonte les écueils du pathos et du folklore, offre une réflexion approfondie et invite à une réinterprétation de sa propre identité. Rebecca Solari porte avec succès un message tessinois au-delà des frontières cantonales et ouvre à un vaste public ce contexte souvent oublié ou mal compris. »
Sibilla Panzeri

Bisso Yann Stéphane (*1998 à Sangmélima (CM), vit et travaille à Genève)
« Dans ses tableaux, Bisso Yann Stéphane entremêle à la fois la réalité vécue, la mémoire traduite en images ainsi que des mythes provenant d’époques et de contextes géographiques différents pour créer des paysages oniriques hybrides où culture populaire et tradition, rêve et imagination, éléments biographiques et approche politique globale se côtoient. S’appuyant sur le médium le plus classique qui soit – la peinture –, il cherche avec autant de sensibilité poétique que de maîtrise artisanale comment rompre avec les traditions picturales du canon occidental et les actualiser afin de toucher une jeune génération qui, en raison de la migration et de l’exil, vit entre plusieurs cultures et avec de multiples identités. »
Yasmin Afschar

marce norbert hörler (*1989 à Appenzell (CH), vit et travaille à Berlin et en Suisse)
« Des mots, des voix, des costumes et des parfums – tels sont les ingrédients qui caractérisent son art. marce norbert hörler fait intervenir la magie des mythes et des légendes, en restant toutefois bien ancré dans la réalité. Né·e à Appenzell et partageant aujourd’hui son temps entre Berlin et la Suisse, hörler explore dans ses performances, ses textes et ses installations le langage en tant que matériau et médium qui façonne le monde. »
Deborah Keller

Cyril Tyrone Hübscher (*1993 à Berne (CH), vit et travaille à Bâle)
« Les œuvres de Cyril Tyrone Hübscher traitent de la relation entre les êtres humains et les espaces. Avec des matériaux bon marché, tels que du carton, du ruban adhésif, de la colle et du bois, il réalise des sculptures et des installations ainsi que des peintures. Il ne s’intéresse pas, en premier lieu, à l’architecture ou aux matériaux ; il s’agit surtout pour lui de se confronter aux besoins et aux aspirations des humains. Convaincu du pouvoir de transformation de l’imagination, il cherche des formes d’authenticité et une vision du monde qui permette aussi bien de fuir la réalité que d’y être ancré. Avec une grande sensibilité, il parvient à poser des questions sur les systèmes de valeurs de notre société et nous invite ainsi à un dialogue intérieur qui tourne autour de notre existence sur cette planète. »
Francisco Sierra




