Un paysan avec un tracteur travaille dans le champ.
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Penser à l’avenir en n’oubliant personne

Pour la population suisse, la prévoyance figure en tête de liste des préoccupations. C’est aussi un thème auquel les agriculteurs, et les agricultrices en particulier, n’accordent parfois pas suffisamment d’attention.

  • Temps de lecture: 4 minutes
  • Dernière mise à jour: avril 2025

L’amour, c’est… assurer son avenir

Généralement, les domaines agricoles appartiennent aux agriculteurs, qui les ont hérités de leurs parents. Lorsqu’ils se marient, leurs épouses s’y installent et y travaillent – souvent sans salaire. Ce qui nuit à leur sécurité financière.

Les agriculteurs travaillent dur et ne comptent pas les heures. Mais la charge de travail qu’assument leurs épouses ferait pâlir les managers les plus exigeants. Elles travaillent à la ferme, s’occupent des enfants, du ménage, du jardin et de la vente directe. Il n’est pas rare qu’elles aident leurs parents ou leurs beaux-parents âgés. Souvent, elles exercent encore un autre emploi à temps partiel, afin de compléter le revenu familial.

Un dur labeur, non rémunéré

Lorsqu’on travaille autant, on devrait être à l’abri du besoin, pense-t-on. Hélas, c’est souvent loin d’être le cas. Plus de la moitié des femmes de paysans actives dans l’agriculture – l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales articule même le chiffre de 70% – n’ont pas de contrat de travail et ne perçoivent aucun salaire pour le travail effectué à la ferme.

Une couverture lacunaire

Cette absence de contrat est lourde de conséquences: si le couple n’a pas pris d’autres dispositions, l’épouse qui travaille à la ferme est pénalisée financièrement. Elle n’a pas droit à l’allocation de maternité et ne perçoit qu’une rente minimale en cas de maladie, d’invalidité ou à la retraite.

Prévenir les difficultés financières

Lorsque l’un des conjoints n’a pas de revenu propre, la dépendance financière qui en résulte peut nuire à la relation. De plus, en cas de veuvage, de séparation ou de vieillesse, la situation financière devient critique. Seules les femmes qui travaillent en grande partie voire totalement à l’extérieur s’en sortent mieux.

Importance de l’estime

Pour bien des couples, les questions financières sont un sujet délicat, que l’on n’aborde pas volontiers. Pourtant, il est indispensable d’en discuter si l’on veut éviter des conflits et des soucis plus tard. Se pencher assez tôt sur la question afin de trouver ensemble une solution est une marque de respect mutuel, d’estime et de sollicitude.

Prévoyance: le plus tôt est le mieux

Les questions suivantes devraient être abordées avec un-e spécialiste:

  • Comment chaque conjoint est-il assuré pour la vieillesse?
  • Quelle serait la situation si l’un des deux ne pouvait plus travailler ou venait à mourir?
  • Comment la fortune des conjoints évolue-t-elle au cours du mariage?
  • Quel est le pilier le mieux adapté à une couverture personnelle: le pilier 3a ou le pilier 3b?

Comme la situation varie d’une famille à l’autre, il est préférable de demander un conseil personnalisé. Ainsi, il est possible de trouver les solutions les plus appropriées. Votre conseillère ou votre conseiller de l’agence générale près de chez vous se fera un plaisir de répondre à vos questions.

Entretien avec Beat Schildknecht, spécialiste en prévoyance à la Mobilière

Il connaît très bien les inquiétudes des agriculteurs, car il possède lui-même une ferme. Voilà pourquoi la Mobilière propose notamment aussi des formations sur le thème de l’assurance et de l’agriculture.

Portrait de Beat Schildknecht

Beat Schildknecht, Key Account Manager Agriculture

Beat Schildknecht, comment se présente la situation dans l’agriculture en matière de prévoyance?

Les conditions sont spéciales. Le droit successoral agricole, par exemple, exerce une grande influence sur la situation en matière de prévoyance. En outre, les salaires dans l’agriculture sont en général peu élevés. Et il n’est pas rare que les membres de la famille travaillent sans se verser un salaire adéquat pour la branche. Dans ce contexte, il ne reste plus beaucoup d’argent pour la prévoyance. C’est pourquoi il est important d’examiner ce thème de près et de trouver des solutions adaptées.

À quoi les agricultrices qui travaillent dans l’exploitation doivent-elles veiller?

Il arrive encore très souvent que des agricultrices se retrouvent dans une situation financière très difficile après le décès de leur conjoint, à l’âge de la retraite ou après un divorce. Certes, elles travaillent à la ferme pendant des années tout en prenant également soin de leur famille. Mais si elles ne touchent pas de salaire, elles n’ont ni AVS ni caisse de pension. Les bénéfices réalisés par la ferme sont la plupart du temps entièrement réinvestis dans l’exploitation. Il est pourtant préférable d’investir une partie de cet argent dans la prévoyance privée – dans un pilier 3a ou 3b –, par exemple 50% pour l’agriculteur et 50% pour l’agricultrice.

Une situation grave: que se passe-t-il en cas de décès de l’agriculteur?

En présence d’enfants mineurs, le droit successoral agricole prévoit que la ferme doit continuer d’être exploitée ou être mise en fermage jusqu’à ce que le plus jeune des enfants atteigne la majorité. Les couples peuvent se protéger en cas de décès en souscrivant une assurance risque. Au décès de l’un des partenaires, le survivant peut maintenir l’exploitation grâce à un capital ou à une rente tout en disposant de fonds pour sa propre prévoyance. Il existe plusieurs variantes en fonction de la situation de chacun.

Ne suffit-il pas de vendre la ferme pour assurer sa retraite?

Dans de nombreux cas, cela ne suffit pas. Si l’exploitation est vendue à un descendant, le vendeur touche la valeur de rendement. Celle-ci est modeste et suffit tout au plus pour une partie de la prévoyance vieillesse. Lorsque l’exploitation est vendue à quelqu’un d’extérieur parce que personne au sein de la famille ne s’y intéresse, la charge fiscale et les cotisations AVS correspondantes sont aujourd’hui plus élevées qu’il y a quelques années et peuvent représenter jusqu’à 50% du bénéfice. Une prévoyance privée est donc vivement recommandée.

Quel est votre meilleur conseil?

Rares sont les solutions qui conviennent à tout le monde. La prévoyance est une affaire individuelle qui dépend par exemple de la manière dont la succession doit être réglée. Mais une règle s’applique à tout le monde: faites très attention à ce que personne au sein de la famille ne soit exposé à des lacunes de couverture. Pensez aux indemnités journalières en cas de maladie ou d’accident ainsi qu’à la rente d’incapacité de gain, prenez vos précautions en cas de décès et préparez votre retraite. Pour cela, faites-vous conseiller par un professionnel de l’assurance, le plus tôt possible.

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